Les Tortues marines du Cap Vert : Île de Santo Antão
Le Cap Vert, entre l’Afrique et les Amériques, est un archipel tropical situé au beau milieu de l’océan Atlantique.
Cette position centrale, particulièrement riche en ressources alimentaires, offre à de nombreuses espèces de tortues, un refuge et des lieux de reproduction.
Au moins cinq espèces de tortues fréquentent les eaux du Cap Vert
Les plus représentées sont les tortues Caouannes (Careta careta) et les tortues Vertes (Chelonya midas).
Ces deux espèces se reproduisent dans les sables de nos plages.
J’ai aussi rencontré des juvéniles (12cm) de tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) aux abords de l’île de Boa Vista. Des reproductions de cette espèce existent aussi dans l’Archipel.
Les tortues luth (Dermochelys coriacea), Olive Ridley (Lepidochelys olivacea) semblent nettement moins nombreuses. Elles côtoient nos rivages afin de s’alimenter.
Le Cap Vert abrite la 3ème plus importante population de tortues de l’Atlantique.
Les tortues à Santo Antão
Les tortues vertes et caouannes, notamment, sont visibles toute l’année. Elles sont actives le long de nos côtes riches en herbiers et animaux marins.
Depuis le chemin de la côte qui domine l’océan entre Ponta do Sol et Cruzinha, vous les verrez faire surface entre les vagues. Ne vous attendez pas à ce qu’elles prennent la pose, elle se dévoilent à vos regards, et c’est déjà pas mal…
Dans la Baie de Tarrafal et Monte Trigo, elle sont surtout visibles depuis les barques des pêcheurs.
Pendant la saison de ponte (vers Août), elles montent sur nos plages de sable. Hélas, celles-ci sont situées dans les débouchés de nos rivières. Pour éviter la destruction des nids, il nous faut déplacer les pontes en dehors du passages de ces crues qui surviennent durant la même période…
Une tortue marine, ça marche comment ?
Respirer : Pourvu de poumons elles sont obligées de remonter respirer à la surface régulièrement.
Bien que l’on ait chronométré une tortue verte en apnée durant 6 heures, un record, plus généralement elle restent moins d’une demi-heure sous la surface.
Cette caractéristique la condamne à mort dès qu’elle ne peut pas remonter respirer (Filet, cordage, plastique, épave…).
Nager : Equipées de pattes palmées, elles sont faites pour se déplacer dans le milieu aquatique.
N’ayant aucun autre moyen de défense, elles sont donc peureuses et ne doivent leur salut qu’à la fuite. Elles sont donc capables de vitesses et d’une agilité impressionnantes, propices à se soustraire à un prédateur, animal…
Pour s’alimenter, elles doivent parcourir de grandes distances, selon les espèces, entre la surface et les fonds ou nager sur de grandes distances à la recherche de leurs proies.
En revanche, sur le sol, elles n’arrivent qu’à ramper… Elles ne s’aventurent donc sur les plages de sable que pour accomplir l’obligation de la ponte, peureusement et avec difficultés.
Manger : Leur alimentation est globalement omnivore, mais certaines ont des préférences.
- Tendance herbivore : Les tortues vertes et olivâtre,
- Tendance carnivore : La Caouanne,
- Tendance éponges : Tortue imbriquée.
- Tendance méduses : Luth, Imbriquée…
Se reproduire :
Les accouplements se produisent en mer. Les spermatozoïdes sont stockés par la femelle dans un repli de son oviducte (conduit de ponte). Les œufs seront fécondés lors de la ponte.
La ponte est exécutée systématiquement sur la plage d’où l’animal est né. La disparition ou la dégradation des lieux de naissances est donc tragique pour ces animaux.
La période de ponte est fixée sur les cycles lunaires. Les arribadas (atterrissage des tortues) se produisent durant certaines nuits, seulement.
La lune joue un rôle essentiel dans l’orientation des déplacements des femelles. La présence de lumières artificielles en mer, mais surtout à terre leur fait croire à une pleine lune, période inadéquate à la ponte.
La tortue est peureuse et à terre, elle ne peut fuir l’agresseur. L’atterrissage et la ponte demandent un silence total, aucun mouvement suspect.
L’incubation des œufs va durer près de 2 mois, pendant lesquels ils doivent être protégés des prédateurs (chiens, hommes…) et des agressions (ni hôtels, ni quads, ni pieds, ni fêtes de plages…)
Les tortues et les humains
Vous vous en doutez, la cohabitation n’est pas très bonne, les tortues en sont les victimes…
Les industries du tourisme de masse sont accusés de provoquer de grands dommages à la reproduction des tortues.
L’implantation de nombreux et grands complexes tient peu compte des occupants historiques, de ces citoyens sans cartes d’électeur, sans titre de propriété…
Les activités humaines générées sur les grandes plages, privatisées, empêchent totalement la reproduction.
La tortue est programmée pour pondre sur son lieu de leur naissance. L’effet des éclairages, des sonorisations et des activités nocturnes persistantes sur les plages, refoulent l’atterrissage des femelles.
Même si la ponte a pu être exécutée, les activités diurnes des touristes conduisent à sa destruction. La masse populaire foule jour après jour ces nids peu visibles, les armées de quads ravagent ces grands espaces de sables, prétendument déserts…
On ne peut pas ignorer les prélèvements de tortues dus aux population côtières, mais ils sont en très forte régression. La législation est très sévère pour les contrevenants.
On observe encore parfois, mais de moins en moins, des ventes de viande de tortue, en cachette, évidemment.
Les pêcheurs retrouvent parfois des tortues au bout de leurs lignes, sans avoir souhaité cette prise. Dans la très grande majorité des cas, de peur d´être dénoncés, les animaux sont remis à l’eau.
Les œufs sont encore parfois l’objet de prélèvements sauvages par les riverains. Les nombreux chiens errants ont probablement une grande responsabilité aussi…
Combien de tortues disparaissent ?
Pour ces deux premières atteintes à la vie des tortues, le chiffrage des victimes peut être estimé. On connaît les sites et leur potentiel de reproduction, on peut compter les carapaces abandonnées…
Les pêches industrielles au filet, non sélectives pour ces animaux, font de grands dégâts dans les populations marines à respiration aérienne (Mammifères, tortues…)
On ne sait pas estimer le volume des tortues noyées par ces pêches industrielles. Ces pêcheurs, ni ne tiennent de comptes, ni ne tiennent à communiquer à ce sujet. Ces prises accidentelles sont probablement rejetées à la mer, car la présence de ces cadavres au port serait sanctionné. Ce phénomène ne touche pas uniquement le Cap Vert…
Sources documentaires
uneiledeuxportraits.over-blog.com
reseau-tortues-marines.org
wiki/Tortue_marine
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